Haïti : plus de trois mois après le séisme, on en est toujours à la phase de déblaiement

Corinne Perron - qui finit une mission de soin et de mise en place de la Maison de santé à Bristout/Bobin avec Help Doctors - constate, qu'en dépit de la mobilisation internationale, les conditions de vie sont toujours aussi difficiles pour la population de Port-au-Prince et que l'aide internationale n'est pas toujours là où on l'attendait.


"Nous vivons sur une terre qui tremble en permanence…" 23 répliques ces trois derniers jours. Le président Préval à qui on reproche souvent son mutisme est, de son plein gré, sorti de son silence pour faire des mises en garde solennelles sur les risques d’un nouveau tremblement de terre. Tout le monde a pris peur, ayant cru entendre de la bouche présidentielle, que le prochain séisme est imminent. Beaucoup dorment à la belle étoile… Tout faire pour ne pas rester sous un toit.

Les écoles, qui sont toutes tombées, ont été reconstruites sur les mêmes terrains, avec du bois et de la tôle. Les cours ont repris cette semaine, difficilement.
Ecole

Tout le monde reconnaît que les ravages qui se sont produits à Port-au-Prince le 12 janvier ont été causés par la nature et aggravés par l’homme.

Mille feuilles

Les Haïtiens ont été écrasés et tués parce que les constructions étaient défaillantes, les codes de construction et les contraintes afférentes étaient inadéquats. Le malheur s’explique également par une économie se trouvant du mauvais côté de la mondialisation. Malgré tout, la vie continue. Une vie de souffrance et de peur pour la majorité des gens. Oui, 80% de la population de Port-au-Prince dort dehors, sous des bâches, cela représente 2 millions et demi de personnes !

Près tente

Il est aussi une réalité tout à fait étonnante : plus de trois mois après le séisme du 12 janvier, nous n’observons aucun engin de déblaiement, aucune organisation de sécurisation de la population qui s’affaire à dégager les gravats, à casser les bâtiments effondrés. Les hommes et les femmes font ce travail de titan presque à mains nues : armés de simples pioches, de seaux et de brouettes, ils et elles nettoient et reconstruisent leur ville dévastée, soulèvent le béton et les pierres qui ont écrasé leurs morts, s’arrêtent, dans une émotion contenue, devant les lambeaux d’une chemise, d’une jupe, les fragments d’une chaussure méconnaissable.

Déblaiement

Ils ont attendu longtemps. Ils ont attendu tout ce temps. Mais personne n’est venu. Aucune pelleteuse, aucun bulldozer, aucune grue, aucun camion. L’aide internationale ?! N’en n’ont jamais entendu le bruit d’un moteur.
Alors ils ont pris leur courage à deux mains. Sans bruit et sans plaintes, ils soulèvent des tonnes de décombres à bout de bras, cassent le béton à coup de masse et de pioche, portent les gravats dans des seaux sur la tête, puis dans des brouettes. Les hommes, les femmes, les enfants, tout le monde travaille, inlassablement.