Haïti : après le séisme, la saison des pluies..

Par Corinne Perron

Ailleurs, à un autre moment, n’importe où mais pas ici, pas maintenant…
Partout la pluie fait du bien aux hommes, à la nature toute entière. Elle fait pousser les semences, grandir les arbres, elle fait rire les enfants, vivre les animaux. Elle éclaire les arcs-en-ciel sur la mer. Elle nettoie les villes, rafraîchit les campagnes, elle est complice des rivières, nourricière de la terre.

Dans les bidonvilles et les camps de réfugiés de Port-au-Prince, la pluie est une calamité, un malheur supplémentaire pour les gens qui vivent sous des tentes, à flanc de collines pentues, sur la terre argileuse sans herbe et sur des pierres instables.

La saison des pluies arrive par la nuit, comme gênée de se montrer au grand jour, indécise, penaude d’ajouter encore de l’inconfort à tant de misère.

Il pleut chaque nuit. Sur la terre qui dégouline, les gens ont creusé des rigoles au bord des tentes pour que l’eau n’y entre pas, mais ça déborde, la boue est partout. Les enfants dorment debout, les pieds mouillés, ils s’écrouleront dans la journée.

Bb dormant Les plus petits commencent à avoir de sérieux problèmes de peau, des vésiculoses qui s’infectent, des desquamations douloureuses, des furonculoses généralisées…

Les terrains glissent, les tentes penchent dangereusement, des pierres roulent, entrainant des rochers jusqu’au fond des ravins ou sur les routes en contre bas. La pluie tropicale n’est pas une aubaine pour tous ces réfugiés. Inquiets d’être emportés par des coulées de boue et des glissements de terrain, ils dorment peu.