Haïti va devoir affronter l’après séisme avec des défis sans précédent
Tout juste un mois après le tremblement de terre de magnitude 7 qui a meurtri la perle des Antilles, le peuple haïtien va devoir redoubler de patience et de ténacité face aux nouvelles menaces. Le drame sans nom qui a frappé de plein fouet le peuple haïtien va aggraver et compliquer le quotidien du plus pauvre pays des Amériques.
Près de 2 des 10 millions haïtiens sont SDF depuis le 12 janvier dernier. 500.000 se sont déplacés vers les villes partiellement épargnées, ce qui n’est pas du goût légitime des communes qui doivent faire face à un afflux de milliers de personnes qui se sont installées dans des campements sauvages de bois et de bâches. Certaines villes ont doublé en quelques jours leur population. Une situation étouffante uniquement par l’insécurité et les déchets ménagers.
La majorité des haïtiens ne veulent plus entendre parler de ciment et ne jurent plus que par le bois. Une réflexion qui ne va pas arranger l’environnement haïtien qui souffre d’une déforestation sans répit. Car les marmites du pays ne jurent que par le charbon de bois et son coût minium. Les machettes ont déjà commencé à doubler leur abattage pour répondre à cette nouvelle demande de maisons de bois.
Les bidonvilles ont aussi augmenté leurs résidents et leurs bâches sont venues côtoyer les toits de tôle. Tous ces abris de fortune qui risquent d’être là pour plusieurs mois et même des années ne pourront résister aux cyclones qui, dès cet été, feront leur passage annuel. Et la saison des pluies à la même période ne fera que déplacer les infections et maladies de tout genre.
L’économie pratiquement inexistante ne pourra répondre aux besoins de la population qui ne survie que grâce à la communauté internationale. Les 80% de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de deux dollars par jour désespèrent de voir un jour le bout du tunnel. L’haïtien pauvre se lève avec un ventre vide et son défi de la journée est de trouver de quoi le remplir.
La grande partie des 2000 amputés du séisme ont soudainement vu diminuer leur chance un jour de réinsertion. Les hôpitaux ont enfin vidé leurs couloirs des milliers de blessés et morts du séisme. Mais, les nombreux blessés repartent avec leurs pansements dans les bidonvilles sans pouvoir faire des soins de suite. Les plaies s’infectent et les conséquences sont souvent dramatiques. Les problèmes d’eau potable mettent en danger les femmes enceintes.
L’insécurité est grandissante en l’absence des institutions touchées par le tremblement de terre. Les 12.500 Casques bleus de la Minustah et les 11.000 soldats américains tentent de maintenir un pays qui ne connaît un peu de stabilité politique que depuis 2006.
Haïti n’a pas encore sorti la tête de l’eau et devra faire preuve - toutes couches sociales confondues - de solidarité pour totalement se reconstruire.
