Haiti : les quartiers oubliés de Port-au-Prince

Avec ses trois millions d habitants, la capitale d'Haïti abrite près d' un tiers de la population que compte le pays. La moitié d'entre eux survivent dans des conditions de précarité extrême à l'intérieur de bidonvilles, que l'on appelle paradoxalement "les quartiers". Ces quartiers occupent illégalement des terrains inconstructibles, au fond de vallées encaissées et sur leurs flancs escarpés, s'infiltrant ainsi au coeur d'un habitat résidentiel.

Ces habitations de fortune sont sur des zones d'accès difficiles, peu visibles des routes principales. L'un d' entres eux, le quartier de la "Ravine Pintade", occupe le fond d'une faille de 600 m de long sur 110 m de large. Prés de 6000 personnes vivaient avant le séisme, dans ces "boîtes" aux toits de tôles soutenus par des parpaings. Le tout imbriqué sur plusieurs niveaux. Durant 40 ans, la "Ravine Pintade" a vu fleurir des millions de ces lieux de vie pour afficher la densité record de 75000 habitants au km2.



La fracture sismique du 12 janvier dernier a parcouru la Ravine Pintade sur toute sa longueur. La violence de la secousse a occasionné des destructions massives. La structure et l'agencement de ces habitats ont constitué un piège pour ses occupants. Deux cents corps ont été extraits des décombres mais le nombre de disparus pourrait atteindre plusieurs centaines.

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Le spectacle donné par la Ravine Pintade est apocalyptique. Dans un enchevêtrement de béton et de parpaings, quelques habitants parcourent toujours les décombres et fouillent des montagnes de gravâts, à la recherche d'effets personnels et de papiers officiels.

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D' autres dégagent à la main l'emplacement de leur ancienne maison pour protéger le seul espace qui leur appartient encore. Le plus grand nombre des familles a quitté "le quartier" pour rejoindre d'autres bidonvilles moins affectés ou s'installer dans l' un des nombreux campements sauvages. Les déplacés consécutifs au tremblement de terre n'ont pas tous quitté la ville. Plus étonnant encore, certains des 500 000 qui avaient gagné la province dans un premier temps, reviennent s'installer dans d'autres "quartiers" encore debout.