Haiti : une semaine après, l'urgence est toujours là

Par Medhi Fedouach : Près d'une semaine après la tragédie, Haïti ne semble pas relever la tête. L'aide internationale - qui s’est pourtant mobilisée dès les premières heures après le violent séisme de magnitude 7 - peine à arriver à ceux qui en ont besoin.

Dans le jardin du Champs de Mars Port-au-Prince devant l’imposant Palais présidentiel effondré comme une vulgaire cabane de bois, des milliers de nouveaux sans abris sont installés sous des tentes de fortune avec leurs blessés. Quatre battons de bois plantés dans la terre tiennent les bâches qui protègent du soleil ardent. Dans une odeur pestilentielle, entre les ordures qui s'amoncellent et les blessés qui regardent leurs graves blessures s'infecter, les haïtiens affamés et fatigués commencent à perdre patience.

« Ma maison s'est écroulée. J’ai tout perdu. Regardez le pied de mon mari, il a perdu la moitié de son talon. On a dû trouver un moyen pour l'emmener se faire soigner. On a attendu des heures pour qu’il voit quelqu’un et il l'ont bandé avant de le renvoyer avec cette perfusion. Sa blessure a besoin d'être nettoyée quotidiennement et il n'a aucun médicament», s'insurge Emilie, 67 ans, avant de montrer dans la cabane voisine une jeune fille au pied blessé.

Un_blesse_est_soigne_dans_le_camp_du_Champs_de_Mars3.jpg

Près de sa marmite de riz chauffée au charbon, Téone, 55 ans, tente de comprendre, « on raconte que le monde entier est arrivé pour nous aider. Mais moi et mes deux enfants, on n'a vu personne. Avec mon diabète et ma tension, j'ai besoin de médicaments. Je n’ai pas d'argent et on me dit à l'hôpital qu'il n’y a pas de médicaments. Que dois-je faire ?», demande t-elle le regard et la voix fatigués.

Un_helicoptere_americain_passe_au-dessus_d_un_camp6.jpg « Il y a des hélicoptères américains qui tournent au-dessus de nous tous les jours, on voit des convois passer dans les rues et à l'aéroport, les avions n'arrêtent jamais d’atterrir. Et nous, on n'a rien à manger. Où est l’aide ? », peste Herby, 39 ans.

A quelques pas de là, l'Hôpital général ne désemplit pas. Des ONG internationales soignent les malades à l'extérieur du bâtiment. Les blessés sont sur des lits ou au sol sous des draps improvisés en tente. Deux humanitaires portent à bout de bras un enfant au visage recouvert par une serviette de bébé. Il est mort. Interpellés par des cris de détresse d'une femme, les humanitaires s'arrêtent. C’est Glorana, la mère du petit Noël, 11 ans, qui pleure de douleur. Noël était l'ainé de ses trois enfants. Son miracle n’a duré que quelques heures, alors qu'il venait dans la journée d’être extrait des décombres, après 6 jours. Mais l’épuisement aura eu raison de lui.

Des_secouriste_emmene_un_enfant_mort1.jpg

Noël est délicatement posé au sol. Glorana ne peut contrôler sa peine. Elle se met alors à chanter Jésus et à danser en tendant ses bras entre le ciel et son petit Noël. Tout le monde est prostré par l’émotion déchirante de cette mère. Glorana s’éloigne et les humanitaires lèvent du sol le corps sans vie du petit Noël avant de se diriger vers le bâtiment de la morgue.

Les besoins d'urgence restent prioritaires en Haiti, tant pour les soins, l'aide alimentaire que pour les abris. Les contraintes logistiques sont de plus en plus lourdes. Help Doctors, qui s'est inscrit dès les premières heures de la catastrophe dans des projets de post urgence, commence déjà à préparer la relance de centres de santé communautaire, avec l'aide d'équipes soignantes Haïtienne.

Qartier_detruit_a_Port_au_Prince67.jpg