Haiti : Témoignage de Medhi Fedouach

Mardi 12 janvier, il est 16h53 lorsque la nature frappe dramatiquement Haïti d’un tremblement de terre d'une rare violence (de magnitude 7). Port-au-Prince, la capitale de la Perle des Caraïbes, est gravement détruite. Comme un château de cartes, le Palais présidentiel, la Cathédrale, le parlement, le palais de justice s’effondrent.

Les Nations Unies paient un lourd tribut avec son QG de la Minustah (ONU) qui s'est écrasé sur le chef de mission, le Tunisien Hedi Annabi et près de 150 employés. Des hôtels se sont écroulés sur des centaines de personnes. Très vite, la panique précipite des millions d'habitants dans les rues, les cris fusent et sous les décombres les voix survivantes s'échappent étouffées par des tonnes de gravats de béton. Des milliers d’haïtiens se ruent avec des blessés et des morts vers les hôpitaux, mais le plus grand centre hospitalier du pays, l’hôpital général, est touché ainsi que les autres établissements de soins. Les blessés sont déposés au milieu des cadavres dans les parkings, jardins et hall encore existants des hôpitaux. Le pays est soudain coupé du monde avec ses structures de communication et son aéroport dégradés.

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Devant un tel drame humanitaire, Help Doctors se devait de réagir très vite. Quelques heures après le séisme, notre ONG a détaché un administrateur et en moins de 48 heures, il était dans l'avion en direction d'Haïti. En l'absence d'infrastructures aéroportuaires, il lui aura fallu atterrir en République Dominicaine à Punta Cana et de nuit rouler durant 12 heures pour enfin rejoindre Port-au-Prince.

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Dès l'entrée dans la capitale, les premières maisons réduites en poussière annoncent la violence du séisme. Des corps sont à même le sol au milieu des rues et sur les trottoirs défilent des passants qui refixent leurs masques, devenus objet indispensable contre l'odeur de la mort qui inonde la ville. La terre bouge encore et la nuit les gens dorment devant leurs maisons détruites ou pas. Les jardins et parkings sont parsemés de milliers de gens qui, protégés du soleil sous des draps tirés entre quatre bâtons de bois, font leur cuisine ou restent assis en famille. Dans ces campements sauvages gisent plusieurs blessés sans soins avec des blessures gravement infectées. Les bulldozers des Nations Unies dégagent les rues des blocs de béton effondrés.


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Dans le quartier de Delmas au nord du centre ville, l'hôpital Universitaire de la Paix ne désemplit pas. Cet établissement fraîchement construit il y a à peine 5 ans ne s'est pas effondré mais ses structures ont été touchées. Les malades qui arrivent par centaines sont soignés à l'extérieur ou dans le hall. Le personnel débordé tente, tant bien que mal, de suturer, plâtrer, bander ou placer sous perfusion les malades qui reposent au sol ou sur des matelas, en l'absence de toute mesure d'hygiène.

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Des blessés sont là avec des fractures ouvertes, des bras et jambes broyés, sans possibilité de soins rapides. Les victimes crient leurs douleurs. Une femme chante pour sa fille, une autre appelle à l'aide Jésus. Le personnel médical n'a pas dormi depuis plusieurs jours. « Mon personnel est fatigué et on manque de presque tout », explique la Directrice de l hôpital, le Dr Marie Yolaine Noël Saint-Fleur. « Les premiers jours, les blessés s'entassaient avec les morts. Nos médecins et infirmières ont aussi été touchés personnellement et ne pouvaient être tous là. Il faut opérer et plâtrer tant de monde. Si vous pouviez nous aider... », indique la directrice-adjointe le Dr Rosalie Simon Assad.

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