Météo : quand la censure frappe

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Paru le Mercredi 14 Octobre 2009, Pablo de Roulet

Un exemple: «En cas d'inondation, la loi argentine prévoit un gel des prix et une suspension des taxes. Cela permet de comprendre pourquoi une autorité politique peut avoir intérêt à cacher un rapport météo!» explique la météorologue Nadia Zyncenko.

«La réaction des autorités peut varier», analyse de son côté Solomon Johanes. «Il arrive qu'une inondation ou une sécheresse soit connue des professionnels, mais que le gouvernement refuse de l'annoncer, pour ne pas effrayer la population. A l'inverse, de nombreux gouvernements élargissent l'aire des catastrophes naturelles lorsqu'ils veulent obtenir de l'aide internationale.» En Ethiopie, en tout cas, «toutes les questions environnementales sont difficiles à rendre publiques, assène le journaliste Eyader Addis.

J'ai déjà été prévenu par le Ministère de l'information de ne pas parler de questions comme l'usage de certains pesticides dans l'agriculture qui affectent la santé des individus. L'Etat est impliqué dans le commerce et ne veut pas perdre de revenus. «Souvent, nuance Eyader Addis, la difficulté pour les journalistes d'obtenir des informations météorologiques ne relèverait pas de malveillance, mais d'un personnel incompétent, installé pour sa proximité avec le pouvoir. «Avant d'être divulgués, et donc utilisés par des agronomes ou des journalistes, nos rapports de prévisions saisonnières doivent être estampillés par la hiérarchie», confirme Solomon Johanes.

Une situation qui rend le travail des journalistes encore plus difficile. Sans compter que les pouvoirs politiques ne sont pas toujours conscients des enjeux des observations météorologiques sur le long terme et rechignent à en améliorer l'efficacité. «Quand j'ai besoin d'utiliser une prévision météo, il arrive que les documents aient simplement été mis à la poubelle», déplore Eyader Addis. «Si les médias avaient le droit de diffuser librement ces prévisions, elles pourraient être utilisées correctement et servir à une meilleure préparation des agriculteurs. Mais des données sont parfois mauvaises et imprécises également à cause du manque de matériel adéquat. Le pays est très pauvre, mais le gouvernement n'hésitera pas à mettre beaucoup d'argent dans un radar militaire. Pas pour la météo!» PDR

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