Famines en Afrique

La faim, une histoire sans fin? Contributeur : Pierre Salignon 24/09/2009 sur www.youphil.com

Alors que s'ouvre le G20, il est temps pour les pays riches de se mobiliser contre la faim dans le monde.

De plus en plus de personnes auront faim dans le monde dans les années à venir. Selon des estimations récentes, publiées par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), 1,02 milliards d'être humains seront touchés par la faim sur l’année 2009, soit une augmentation de 11% par rapport à 2008. Un chiffre qui représente 100 000 millions de personnes en plus.

Changement climatique

Crise économique, envolée des prix alimentaires et de ceux du pétrole… cette augmentation est liée à plusieurs facteurs. Sans oublier les conséquences désastreuses du changement climatique qui réduisent à néant les efforts des populations plus vulnérables pour échapper à la pauvreté.

De son côté, le Fonds Humanitaire Mondial, présidé par l'ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, estime que ce sont désormais 300 000 personnes qui meurent chaque année en raison des conséquences du réchauffement climatique - "un tsunami silencieux" - dont la moitié en raison du manque d'accès à la nourriture.

Généraliser les nouveaux produits nutritionnels

A la lecture de ces rapports, tous les voyants sont rouges. Sans une mobilisation internationale soutenue, les victimes de la faim seront plus nombreuses dans les années à venir.

Devant la gravité de la situation, une coalition d'ONG internationales menée par l'ONG française Action Contre la Faim réclame depuis plusieurs mois la création d'un Fonds mondial pour lutter contre la faim (sur le modèle du Fonds Global contre le VIH, la tuberculose et la malaria), et la mobilisation de ressources financières supplémentaires pour soutenir les agricultures des pays du Sud mais aussi pour renforcer les actions d'urgence.

Les Médecins Sans Frontières, eux, militent pour la généralisation de l'usage de nouveaux produits nutritionnels dont l'efficacité est aujourd'hui démontrée pour réduire la mortalité liée à la malnutrition.

Cette dernière explique la moitié des décès parmi les enfants de moins de 5 ans, l'absence de réponse adaptée les conduisant à la mort alors qu'ils pourraient être sauvés.

Les Nations Unies tentent désormais de coordonner une réponse internationale planétaire. Mi-septembre, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation a demandé la mise en place de "réservoirs alimentaires d’urgence", à savoir 300 000 tonnes de céréales qui permettraient au Programme alimentaire mondial d’intervenir sans avoir à acheter des aliments à des cours trop élevés sur les marchés.

Manque de financement et gaspillage

Mais, à ce stade, force est de constater que la mobilisation financière internationale est restée limitée et en décalage avec les déclarations politiques d'intention.

Si un accord a été conclu par le dernier G8, destiné à apporter un soutien de 20 milliards de dollars aux agriculteurs les plus pauvres du monde, tous les pays membres du G8 doivent néanmoins préciser la nature de leur contribution et intensifier leurs efforts en vue de la création d’un mécanisme mondial qui permettrait de canaliser ces fonds dès le sommet du G20 qui commence aujourd’hui à Pittsburgh.

Ceci dit, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) fait lui un autre constat terrible. La moitié de la production alimentaire mondiale serait perdue ou mise de coté, parce qu'elle ne répond pas à des normes de marchés ou est gaspillée lors de la consommation.

L'organisation affirme qu'une meilleure efficacité de la chaine alimentaire permettrait à elle seule de nourrir le surcroît de population attendu à l'horizon 2050, la population mondiale devant atteindre alors 9,2 milliards d'individus contre 6,7 milliards aujourd'hui.