Yémen : "la situation absolument dramatique s'aggrave" à Saada

Environ 150.000 personnes ont été déplacées par le conflit, dont 100.000 "cherchent actuellement désespérément un lieu sûr dans le gouvernorat de Saada et les gouvernorats voisins", a indiqué la porte-parole à Genève du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Emilia Casella.

"Les combats empêchent les travailleurs humanitaires d'avoir accès aux blessés et civils qui ont besoin d'aide dans la ville de Saada", à l'épicentre de la rébellion, a indiqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Mme Elisabeth Byrs.

Le responsable des affaires humanitaires de l'ONU John Holmes doit rencontrer mercredi à Genève les représentants des pays donateurs et annoncer ensuite un appel de fonds d'urgence pour venir en aide à la population affectée par les combats.

Le PAM estime avoir besoin de 18,6 millions de dollars pour venir en aide aux personnes déplacées à Saada jusqu'en juin 2010. Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a de son côté avancé le chiffre de 5 millions de dollars pour venir en aide durant les 4 prochains mois à environ 70.000 déplacés à Saada et dans les gouvernorats de Malaheet, Hajjah et Amran.

"La situation extrêmement instable dans la ville de Saada a obligé les agences de l'ONU à déplacer leur personnel vers la capitale, Sanaa", a indiqué la porte-parole du PAM en appelant à "l'ouverture de couloirs humanitaires pour permettre de venir en aide aux personnes déplacées par le conflit".

Le PAM dispose en effet d'un stock de 935 tonnes de nourriture dans la ville même de Saada, ce qui permettrait de fournir une ration mensuelle complète à 60.000 personnes si la distribution d'aide alimentaire était possible. "Le PAM a autorisé son partenaire à Saada le Secours Islamique à distribuer ces vivres aux nouveaux déplacés dès que la situation le permettra", a indiqué Mme Casella.

"Les combats semblent se concentrer dans la vieille ville de Saada", selon les témoignages recueillis par le HCR, qui a fait état également de "frappes aériennes fréquentes" et a réclamé lui aussi la mise en place de couloirs d'aide humanitaire.

"Un couvre-feu de 12 heures est toujours en vigueur, ce qui restreint les déplacements de la population locale et des personnes déplacées, particulièrement durant la nuit", a déploré le HCR.

"Les réserves de nourriture s'épuisent et les prix au marché noir subissent une hausse dramatique dans la plupart des quartiers affectés par les combats", a ajouté le porte-parole du HCR, M. Andrej Mahecic.

(©AFP / 01 septembre 2009 13h06)