Madagascar : don de matériel d'anesthésie et de réanimation à l'hôpital de Fénérive Est

Par Karine Van Geete et Nicole Lefebvre

Après avoir rencontré les responsables de l'école d'infirmière de Tamatave, la priorité de la mission est mise sur le travail de partenariat avec l'hôpital de Fénérive Est et la rencontre des différentes instances et autorités locales (dont le Directeur Régional de la Santé).

Le Docteur Jean-Paul nous a guidé toute la journée lors d’une visite approfondie de l’hôpital. Il participe également à l’élaboration du plan de santé de l’hôpital auquel est intégrée la mission Help Doctors (formation continue des paramédicaux et positionnement d’un kit post cyclonique). Il nous a rappelé les principes de prises en charge des patients. En dehors des césariennes, du traitement antituberculeux, du groupage sanguin, de l'examen de crachats et du dépistage du Sida, tous les autres actes de soins sont à la charge du malade. Ce qui met en grande difficulté les familles qui doivent à chaque fois choisir entre se soigner ou manger.

A l’issue de cette visite, nous n’avons pu rencontrer les autres membres de l'équipe soignante : l'infirmier de garde (qui est seul par période de 24h), le médecin généraliste responsable de la médecine adulte et pédiatrique, le médecin anesthésiste et le Dr Théodore, chirurgien et directeur de l’hôpital. En discutant avec ces personnes nous avons pu toucher du doigt leurs difficultés quotidiennes.

Les demandes de formation restent très basiques et concernent les "bonnes pratiques de soins", avec une attention toute particulière sur la lutte contre les infections nosocomiales et l’hygiène.

Nous ne pourrons véritablement réussir à mettre en place une politique efficace de soins et de formation, qu'une fois que le matériel de base de l'hôpital aura été renouvelé. La Région Nord Pas de Calais s'y est engagé et Help Doctors fera le lien entre les besoins exprimés par nos collègues Malgaches et la disponibilité des équipements sur place. La question de la maintenance et de l'entretien des appareils neufs se pose en priorité. C'est pour celà que tout l'équipement sera acheté à Madagascar avec une garantie locale de maintenance et de suivi.

Vendredi 12 décembre 2008

Nous sommes arrivées au bloc opératoire à 8h30 pour suivre les 2 interventions de la journée : hernie inguinale et hydrocèle. Ce qui nous a permis d’évaluer la prise en charge du patient en pré (bain et rasage) per et post opératoire immédiat et surtout de voir fonctionner le bloc opératoire.

Là encore, malgré une équipe soignante dévouée, il est difficile d'appliquer les recommandations internationales de sécurité opératoire, par manque de formation et de matériel. Les patients arrivent pieds nus dans les blocs opératoires, qui de fait, ne sont plus stériles.

Par souci d'économie de matériel, les poubelles ne sont vidées qu'en fin de programme opératoire. Les risques infectieux sont donc majeurs entre les interventions.

Le matériel d'anesthésie est "anecdotique". Les instruments à usage unique sont réutilisés sans fin...

La liberté des voies aériennes supérieures est un élément fondamental de la sécurité des malades opérés. En effet, quand ils sont anesthésiés et dorment, les malades risquent de vomir et de s'étouffer pendant l'opération. C'est la première cause de mortalité infantile dans les hôpitaux du monde. Avec peu de matériel et une formation simple, nous pouvons mettre en place des techniques simples de prise en charge et ainsi sauver beaucoup de vies !

Madagascar a besoin de tout. La santé est un luxe pour la plus grande partie de la population. Les soignants sont très mal payés. Les relations médecins et infirmiers sont tendues. Il n'y a pas de vraie coopération et de notion d'équipe soignante, mais plus des métiers parallèles qui se font concurrence. Nous avons beaucoup à faire pour valoriser le travail en équipe et les savoirs-faire de chacun !

En début d’après midi, nous avons fait don de matériel médical, à la direction de l’hôpital de Fénérive Est (3 laryngoscopes avec jeu de lames, canules, sondes d’intubation, 2 ballons auto remplisseurs, sondes d’O2, cathéters veineux et autre matériel de chirurgie).

Madagascar est sans aucun doute un des pays où il nous sera le plus difficile de travailler. La pauvreté et la faim en sont les deux principales maladies. Mais avec du temps et une volonté de réaliser un Humanitaire Equitable, nous nous donnerons les moyens de faire de l'hôpital de Fénérive Est, un vrai centre de soin régional de qualité, où tous les malades pourront se faire opérer en sécurité.