Naplouse : une délégation de la ville de Lille se rend au dispensaire de la vieille ville

Depuis Naplouse, le journaliste Lillois Emmanuel Crapet livre dans les pages de la Voix du Nord les premières annonces de la coopération entre les deux villes :

Un coup d'accélérateur aux relations lillopalestiniennes mardi 01.07.2008, 05:02 - La Voix du Nord

Le jumelage entre Lille et Naplouse n'est plus une question d'amitiés entre les peuples. Une délégation lilloise y termine aujourd'hui un séjour de quatre jours. Si l'accès à l'ancienne capitale économique de la Palestine se fait toujours au bon gré des check-points israéliens, la ville de Lille entend bien nouer des contacts réguliers, que ce soit avec le monde de l'entreprise ou le secteur de la santé.

Pourquoi Naplouse ? Le jumelage entre Lille et Naplouse remonte à 1998. Dix ans plus tôt, la capitale des Flandres avait contractualisé des liens avec la ville de Safet, à la demande de la communauté juive de Lille. Le choix de Naplouse s'est fait par hasard, mais il illustre la volonté politique des élus de l'époque de soutenir la création d'un état palestinien. « Nous voulions marcher sur nos jambes dans cette région », rapporte Pierre de Saintignon, actuel premier adjoint.

Qu'est allée faire la délégation lilloise ? L'accord de coopération avec Naplouse a été signé en mai 2002. Six ans ont passé et le paysage politique n'est plus du tout le même. Si le jumelage d'amitié n'a pas souffert de cette parenthèse, les Lillois ont jugé qu'il était temps que les actions entrent dans une phase opérationnelle. « Nous sommes là pour repérer les lignes de force, économiques notamment, de Naplouse », explique « PDS ». Plusieurs conventions ont ainsi été signées. Avec l'université Al Najah d'abord pour permettre à des jeunes d'effectuer, dans des entreprises lilloises, leur stage de fin d'études ; à Lille seront également accueillis de jeunes créateurs d'entreprise.

Mais l'un des volets les plus importants de ce séjour aura assurément été de renforcer le partenariat entre Naplouse et le CHRU (par le truchement d'un de ses médecins urgentistes, le Dr Régis Garrigue).

L'accès au soin n'est pas une promenade de santé à Naplouse. Cette convention permettra la formation à la médecine d'urgence de médecins palestiniens par des spécialistes lillois (ndlr : help doctors) de la discipline. Pour la petite histoire, le ministère de la Santé local préfère que ce soient les Français qui viennent enseigner à Naplouse, parce que dans la version où le Palestinien va se former en France, celui-ci ne rentre pas toujours au pays une fois son stage terminé.

La délégation lilloise confirme par ailleurs l'idée de rassembler, derrière ce qui pourrait s'appeler l'« Euro-Naplouse », toutes les villes qui sont jumelées avec la cité palestinienne. Ces dernières pourraient même se retrouver à Lille dès le mois de septembre. Enfin, il a été décidé l'ouverture prochaine d'une maison de Lille à Naplouse.

Qui compose la délégation ? Pierre de Saintignon a pris les rênes d'un équipage à compétences multiples. Le premier adjoint a emmené avec lui Marie-Pierre Bresson, l'adjointe Verte qui a récupéré dans sa délégation la coopération décentralisée et la solidarité internationale. Font également partie du déplacement Bruno Cooren, directeur du service relations internationales de la ville de Lille, Nadia Salah, membre du même service, ainsi que Marie-Dominique Lacoste, directrice de la mission locale, Christine Sannier, experte du conseil régional en outils financier, et Régis Garrigue, médecin urgentiste du CHRU.

Lille aide Naplouse, mais la réciprocité existe-t-elle ? À Lille, la banque (ou caisse) solidaire n'a jamais trouvé son rythme de croisière. Et si la solution venait de Naplouse ? Hier matin, Pierre de Saintignon a rencontré les responsables d'une banque spécialisée dans le micro-crédit, l'Alrafah Microfinance Bank. « Nous sommes la seule en Palestine, et sans doute même dans tout le Proche-Orient », indique l'un d'eux. Si elle a disposé de 30 M$ de fonds privés à l'ouverture de son capital, ses résultats peuvent aujourd'hui faire tourner certaines têtes : 90 M$ de dépôts, dont 16 entièrement consacrés au micro-crédit. « Je m'enrichis en prêtant aux pauvres », ironise le Palestinien. Pierre de Saintignon ne reproduira peut-être pas la même méthode mais a quand même demandé à ces banquiers de venir à Lille la détailler.

Quel est le contexte politique local ? Le maire, Adli Yaish, élu sur la liste du Hamas, est toujours emprisonné ; le Hamas étant interdit à Naplouse. Hafez Shaheen, qui était le troisième adjoint, assure la fonction de maire par intérim. Pour le reste, la ville est gérée par un gouverneur, Jamal Moheisen, pilier de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine). Qui habite dans la vieille ville doit composer, encore maintenant et presque chaque nuit, à des incursions de soldats israéliens.