Madagascar : 40% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition

Les besoins quotidiens sont le plus souvent accessibles. Mais il existe des périodes difficiles. Ce sont les « soudures » entre la fin des stocks de riz et la récolte prochaine. Sur la côte Est, il y a deux récoltes par an et donc deux périodes de soudure (de février à avril et de novembre à décembre). Les carences viennent donc le plus souvent d'habitudes alimentaires, quasi exclusivement tournées vers le riz comme aliment unique pour beaucoup d'enfants.

Pour mieux connaître l'offre de soins en terme de prise en charge de la malnutrition en zone isolée, nous nous sommes rendu à Antanambe. Cette commune se situe au Nord de Fénérive sur la RN 5. Il faut au mieux entre 8h et 10h de piste sableuse en bord de mer pour s’y rendre. A cela, il faut ajouter les traversées de rivières en bac. Les choses sont dans ce cas beaucoup plus subjectives et les délais peuvent doubler ou tripler en fonction des marées ou de l’absence de gasoil pour faire fonctionner les bacs.

Antanambe est la dernière commune de la région d’Analanjirofo « relativement accessible par la route ». Plus au Nord, la ville de Nananar, distante d’une centaine de kilomètres, nécessite au minimum 5h de piste difficile et cassante. Les patients d’Antanambe qui nécessitent un transfert vers un hôpital sont le plus souvent adressés à Fénérive.

Le centre de santé médicalisé (CSB2) a été réhabilité en bâtiment « dur » en 2006. Il draine un bassin de population de 10 000 habitants répartis sur 12 villages (Fonktany). L’enclavement de cette commune (loin de Fénérive et loin de Mananar) a poussé l’administration à dénommer ce CSB 2 en « hôpital-CSB2 ». Les transferts entre Antanambe et Fénérive en taxi brousse coutent 10 000 Ariary (4 euros, une somme importante). Il faut compter la même somme si le dispensaire fait appel à la seule ambulance privée qui vient de Mananar.

En plus des activités classiques de dispensaire, ils doivent théoriquement être en mesure d’assurer les accouchements, les soins médicaux des patients nécessitant une hospitalisation courte, des tests biologiques (paludisme, syphilis, HIV…).

En pratique, l’équipe médicale composée d’un médecin, d’un infirmier et d’une agent de santé, parvient tout juste à faire le travail quotidien de soins et de prévention dans le dispensaire.

La question récurrente de la prise en charge de la malnutrition se pose aussi à Antanambe. Selon le modèle national, les enfants dépistés en état de malnutrition chronique ou aiguë doivent être référés depuis les villages vers les CSB. A partir de là, ils doivent, en fonction de leur état, bénéficier d’une prise en charge ambulatoire adaptée (CRENAS : Centre de Récupération et d'Education Nutritionnelle Ambulatoire pour la malnutrition Sévère). A Antanambe, comme sur le reste de la région d’Analanjirofo, il n’y a aucun centre médical de ce type. Les enfants dépistés sont renvoyés à domicile avec des conseils nutritionnels simples et des polyvitamines.

En l’absence de données épidémiologiques fiables, il est malheureusement impossible de connaître les chiffres exacts de morbi-mortalité des enfants dépistés en état de malnutrition qui rentrent dans leurs villages.

Help Doctors, souhaite se rapprocher des autorités locales de santé, mais aussi des autres intervenants de la malnutrition à Madagascar (UNICEF, Office National de la Nutrition..), pour envisager la mise en place d'un centre nutritionnel "pilotes" (CRENAS) dans le CSB 2 d'Ananambe.

Un tel projet reste difficile à réaliser sans avoir un réseau communautaire fort et adhérent à un programme de santé long et coûteux. Help Doctors tachera dans ses prochaines missions à Madagascar de développer des partenariats avec des ONG locales et de fédérer tous les acteurs régionaux (Analanjirofo) de la malnutrition sur un projet commun d'amélioration de la survie des enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition.