Myanmar : Les catastrophes climatiques peuvent-elles influencer la politique intérieure d’un pays ?

Près de 3 ans et demi après le tsunami du 26 décembre 2004, qui toucha une douzaine de pays de l’Indonésie à la Somalie et provoqua le décès de plus de 280 000 morts- dont 228 000 rien que pour la province d’Aceh- l’ampleur de l’aide internationale a été sans précédent.

Alors que la Province d’Aceh était sous contrôle de l’armée indonésienne, cet afflux d’organismes internationaux pour faire face à ce désastre a permis, en juillet 05, la signature d’un protocole de paix historique entre le mouvement indépendantiste GAM (Free Aceh Movement) et le gouvernement central de Jakarta, mettant fin à 30 ans de rébellion.

Cet accord est jusqu’à ce jour totalement respecté et l’ouverture de cette province au reste de l’Indonésie et du monde a modifié durablement le paysage intérieur de cette province.

Dans la nuit du 2 au 3 mai, le cyclone Nargis, en provenance du Golfe du Bengale, a dévasté le delta de l’Irrawaddy sur la côte sud-ouest du Myanmar.

À l’heure où nous écrivons, 6 jours après, le bilan est déjà lourd : sur une population de 50 millions d’habitants, on dénombre près de 23 000 décès, 42 000 disparus; une destruction jusqu'à 95% des infrastructures et des ponts inondés dans les régions les plus touchées.

Depuis 46 ans, la junte militaire règne d’une main de fer sur ce pays, réprimant de façon brutale, au mépris des droits de l’homme les plus élémentaires, toute contestation. La répression sanglante de la manifestation pacifique des bonzes Birmans l’été dernier en est un exemple criant.

Cependant, face à l’ampleur d’une telle catastrophe, la junte militaire Birmane a été contrainte de faire appel à l’aide internationale. Pour le moment, seules les ONG qui travaillaient déjà sur le territoire Birman peuvent intervenir, sous l’égide des Nations Unies. Face à la corruption du pouvoir en place, le challenge est de pouvoir apporter de l’aide directement à la population Birmane.

Si cela pouvait s’avérer utile pour certaines victimes du cyclone, cela serait très insuffisant pour faire avancer les droits de l'homme dans ce pays. Si sous pression de la communauté internationale le pouvoir en place acceptait d’ouvrir plus largement le pays à d’autres organismes internationaux, la population Birmane, comme la population Acehnaise 3,5 ans plus tôt, pourrait voir son destin transformé à jamais.

C’est une piètre consolation pour la population rescapée, mais ce serait étonnant de constater une fois encore qu’un désastre climatique majeur bouleverse la politique intérieure d’un pays, jusqu’à faire cesser 30 ans de rébellion Acehnaise ou 46 ans de dictature militaire Birmane.

Cette catastrophe climatique n'est pas un fait isolé. Il faut l'analyser comme faisant parti des conséquences globales du réchauffement climatique. Il y a encore moins de 6 mois, le Bangladesh (frontalier avec la Birmanie) était dévasté par le Cyclone Sidr.

L’augmentation de la fréquence des catastrophes climatiques majeures doit interpeller la communauté internationale. Il faut mettre en place sans délais une politique efficace de lutte contre le réchauffement climatique et permettre à chaque fois d'apporter une réponse humanitaire d'urgence aux populations sinistrées, détachée des enjeux politiques.