Birmanie : une urgence humanitaire chronique loin des médias et des ONG

Un peu d'histoire : impasse politique et conflits ethniques

Daw Aung San Suu Kyi, née le 19 juin 1945 à Rangoun en Birmanie, est la figure emblématique de l'opposition birmane à la dictature militaire. Elle s’est fait connaître du grand public en recevant le prix Nobel de la paix en 1991 pour ses actions non violentes. Elle reçoit la somme de 1,3 million de dollars qu’elle utilise pour établir un système de santé et d’éducation pour le peuple de Birmanie. Elle est secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), opposée à la dictature en place. Elle ne peut exercer son activité politique car elle est actuellement emprisonnée par la junte militaire au pouvoir.

Le 25 mai 2007, le régime militaire birman a une nouvelle fois prolongé d'un an l'assignation à résidence d'Aung San Suu Kyi. Le 22 septembre 2007, l'opposante birmane assignée à résidence depuis 2003, est exceptionnelement sortie brièvement en pleurs de sa maison à Rangoun pour saluer des moines bouddhistes qui manifestent contre la junte militaire, pour la cinquième journée consécutive. Le 24 septembre 2007, Aung San Suu Kyi a été enfermée à la prison d'Insein

La Birmanie est un régime militaire qui dirige le Myanmar depuis 1962. 40% des 53 millions d'habitants du pays font partie d'une centaine de groupes ethniques et vivent essentiellement dans les régions frontalières. Certains de ces groupes défendent leurs territoires ancestraux contre le gouvernement, dans un conflit armé larvé mais permanent. Depuis le début des années 90, le gouvernement a signé des accords de cessez-le-feu avec nombre de ces groupes mais l'insécurité reste un problème majeur et des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, fuyant le conflit et les violences qu'il provoque.

Les Nations Unies et des organisations comme Amnesty International dénoncent fréquemment les violations aux droits de l'homme du gouvernement. Depuis le milieu des années 90, l'Union européenne a imposé des sanctions économiques au Myanmar et a limité ses financements aux programmes humanitaires.

Malgré la présence d'organisations internationales et une médiatisation récente, la crise humanitaire au Myanmar reste largement méconnue.

Des besoins humanitaires urgents

Le nombre de personnes déplacées internes au Myanmar est saisissant. En raison du conflit permanent entre les groupes ethniques et l'armée, des centaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir leurs maisons ou de déménager. En janvier 2007, il y avait plus de 150 000 réfugiés dans des camps le long de la frontière en Thaïlande.

De bas revenus, le manque de nourriture, la faiblesse des infrastructures et une éducation insuffisante sont les problèmes de plus en plus répandus, qui réduisent la capacité de survie des gens dans tout le pays et particulièrement dans les régions frontalières. On estime qu'un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. 70% du budget familial sont dépensés exclusivement pour se nourrir.

L'état du secteur de la santé est particulièrement alarmant. Le budget santé par personne est le plus faible du monde. La plupart des régions du pays, surtout dans les zones frontalières, n'ont même pas de service de santé. La mortalité infantile est de 7%, presque quatre fois plus élevée qu'en Thaïlande. L'espérance de vie est de 56 ans, 15 ans de moins qu'en Thaïlande et 22 ans de moins qu'au Royaume-Uni, par exemple. On estime que 34% de la population rurale n'a aucun accès à l'eau potable, ce qui provoque des affections respiratoires et des maladies liées à l'eau, 43% d'entre eux ne bénéficiant pas de systèmes d'assainissement.

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