Que pensez du nouveau vaccin contre le cancer du col de l’utérus ?

Le cancer invasif du col de l’utérus est une maladie d’origine infectieuse, dont l’agent infectieux est un papillomavirus humain ou HPV (Human Papilloma Virus).

L’infection génitale par un HPV est l’une des infections sexuellement transmissibles (IST) les plus répandues dans le monde avec une incidence annuelle mondiale estimée à 30 millions par an. Il existe de nombreux génotypes de ce virus mais ce sont surtout les génotypes 16 et 18 que l’on retrouve dans les cancers du col, tandis que les génotypes 6 et 11 sont responsables de verrues génitales (ou condylomes acuminés), lésions bénignes mais douloureuses, frein à une vie sexuelle épanouie. Cette infection à HPV se contracte par voie sexuelle et passe inaperçue dans 70% des cas en guérissant spontanément. On considère que plus de 70% des hommes et des femmes font au moins une infection à papillomavirus au cours de leur vie. Il n’existe pas de traitement curatif. Seul, le test cytologique : le frottis cervico-utérin (FCU), recommandé en France tous les 3 ans après 2 FCU négatifs à un an d’intervalle pour les femmes de 25 à 65 ans, permet de prévenir ce cancer.

Ce test de dépistage n’est malheureusement pas disponible dans les pays du sud, expliquant la disproportion de mortalité entre ces pays et les pays riches.

Depuis le 11 Juillet 2007, un nouveau vaccin, le Gardasil° est mis sur le marché en France et remboursé à 65% afin de protéger contre les souches 6-11-16 et 18 du HPV. Il s’adresse aux jeunes filles et jeunes femmes de 14 à 23 ans n’ayant pas eu de rapports sexuels ou au plus tard dans la 1ère année qui suit le début de leur vie sexuelle. Il permet de prévenir 75% des cancers invasifs du col de l’utérus. Cependant, des questions restent en suspens : outre son prix prohibitif (135 Euros l’injection, soit un coût de traitement de 405 Euros par personne!), le frottis reste indispensable car 25% des cancers du col utérin ne sont pas dépistés. La croyance d’être protégé par la vaccination pourrait entraîner un dangereux renoncement au dépistage par FCU. On ne sait pas non plus la durée exacte de l’immunité (environ 5 ans) et enfin, on manque de recul sur les effets indésirables à long terme.

Ce qui est certain aujourd'hui, c'est que le dépistage du cancer du col est le meilleur moyen de lutter contre ce cancer et que les pays riches pourraient quasiment l’éliminer uniquement par le FCU. La priorité est donc de faciliter l’accès au dépistage pour les femmes qui ne se font pas suivre, notamment des femmes en situation précaire. Mais dans bien des pays -surtout les pays du sud- ce dépistage n’est pas effectué et la vaccination contre le papillomavirus humain pourrait alors représenter un espoir de changement. Mais son coût rend illusoire sa généralisation.