Le Lancet attaque l'OMS

L’OMS. (Organisation Mondiale de la Santé), une agence de l’ONU, fait la pluie et le beau temps sur notre planète en matière de recommandations médicales – elle en publie environ 200 par an. Or, depuis trois semaines, l’OMS subit le plus grand séisme de son existence. On lui reproche un manque total de transparence sur les preuves scientifiques étayant ses recommandations et une collusion avec les multinationales industrielles.

Bref, l’OMS. aurait trompé le monde entier pour des motifs bassement financiers.

L’attaque a été lancée par un article paru dans « The Lancet », une des revues scientifiques médicales les plus prestigieuses. Trois chercheurs ont décortiqué le travail de l’agence depuis une vingtaine d’années et relevé des erreurs graves. Par exemple, l’OMS a soutenu récemment les nouveaux médicaments contre l’hypertension, beaucoup plus chers que les anciens, mais sans bénéfice prouvé pour la santé. Dans cette affaire comme dans bien d’autres, l’industrie pharmaceutique aurait très discrètement graissé la patte des fonctionnaires de l’OMS. Après l’article, une lettre ouverte émanant d’une chercheuse qui a passé 17 ans à l’OMS, Alison Katz, est tombée sur le bureau de la nouvelle directrice de l’agence, la Chinoise Margaret Chan. La lettre parle franchement de « corruption, népotisme, violation des statuts et inefficacité du contrôle interne » et conclut que «l’OMS est devenue une victime de la mondialisation néo-libérale». Elle rappelle au passage qu’une grève du personnel de l’OMS, la première de son histoire, avait eu lieu en 2005, suivie par 700 employés horripilés. La direction avait réagi par des sanctions disciplinaires.

Un parfum de scandale entoure aussi la démission précipitée de Michael Repacholi, un chercheur qui a dirigé pendant 10 ans la commission de l’OMS chargée de l’électromagnétisme. Les normes adoptées par l’OMS sur le téléphone portable et ses antennes-relais sont aujourd’hui taxées de « surréalistes » par la plupart des experts indépendants. « Autant interdire aux voitures de rouler à plus de 1000 kilomètres/heure ! » persifle l’un d’entre eux, le professeur Pierre Le Ruz, consultant du Conseil Européen. Depuis le départ de Repacholi, les langues se délient et on sait à présent qu’il touchait personnellement 150 000 dollars par an alloués par l’industrie du portable.

On apprend aussi que toutes les recommandations de l’OMS concernant la pollution électrique, notamment les lignes à haute tension, ont été relues et corrigées par des représentants de l’industrie, sans aucune participation des scientifiques, lors de réunions non annoncées sur le site Internet de l’OMS et dont l’accès était interdit aux chercheurs et à la presse. Tout cela est évidemment contraire à la charte de l’OMS et pourrait donner lieu à un procès façon « sang contaminé ».

Face aux critiques, les responsables de l’agence se défendent mollement, évoquant le manque de temps et de moyens. Et ils promettent de faire mieux la prochaine fois. Mais ça urge. Comme l’écrit le rédacteur en chef de « The Lancet » dans son éditorial : "Si les pays n'ont plus confiance dans la compétence technique de l'OMS, alors son existence même doit être remise en question".



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