Dispensaire de la Vieille Ville de Naplouse

Le Gouvernorat de Naplouse est le 3e plus important de Cisjordanie, après Jérusalem et Hébron, il compte 280 000 habitants, dont 126 500 habitants dans la ville de Naplouse. A partir du mois d’avril 2002 et l’opération militaire « Mur de Protection », la ville de Naplouse a vécu en état de guerre : bombardements, occupation militaire, destructions d’infrastructures, couvre-feu. De 2003 à 2004, le couvre-feu a été imposé quasi sans relâche par l'armée israélienne. Depuis, ces derniers restent basés aux abords de Naplouse et effectuent chaque nuit des opérations militaires « ciblées » dans certains quartiers de la ville (vieille ville, camp de Balata..). Ces opérations durent parfois plusieurs jours : les habitants restent confinés chez eux, ils n’ont plus accès aux cliniques et aux hôpitaux ; de même, le corps médical est restreint à demeure et les structures de santé ont un manque criant de personnel soignant. Aujourd'hui la plus grande maladie est la pauvreté qui touche 70 % de la population (moins de 2€/jour/habitant) avec un taux de chômage de plus de 40% de la population active. Naplouse vit depuis 6 ans sans aucune interruption du blocage militaire israélien, tant pour les biens, l'économie et les personnes.

A Naplouse, la vieille ville compte 30 000 habitants. Il s'agit d'une population pauvre et marginale. Le chômage y est endémique. Il existe un seul dispensaire d'une ONG Palestinienne (Health Worker Comitee) qui traite une cinquantaine de patients par jour. Un autre dispensaire du MOH ouvre rarement et ne fait plus de soins. Seuls les assurés sociaux peuvent y avoir accès. L'accès aux soins est donc des plus limités pour cette population exclue. Il n'y a aucune pharmacie et les revenus minimes ne permettent plus à la plus grande partie des malades de pouvoir se payer des médicaments.

A titre d'exemple, un employé chez un commerçant gagne 2€ par jour et un traitement par insuline pour un diabète coûte à 60 € par mois. Le choix qui est fait par les malades est d'arrêter ou d'espacer leurs traitements.

Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables. Ils ne sortent que très peu de la vieille ville. Les violences intrafamiliales se multiplient dans un huis clos que la pauvreté ne fait qu'entretenir. Les grossesses ne sont plus suivies et le calendrier vaccinal pour les enfants peine à être normalement appliqué.

Dans le domaine de la santé, l'arrêt des aides financières européennes a eu un impact direct sur le paiement des salaires des employés du Ministère de la Santé (MOH). Le Mécanisme International Temporaire (TIM) mis en place par l'UE pour indemniser la perte de salaire s'arrêtera le 31 décembre 2006. Aucune option de replacement n'est prévue à partir de janvier 2007. Ce procédé de contournement a permis de verser aux fonctionnaires 2 "indemnités" d'un maximum de 65% de leur salaire. L'Autorité Palestinienne, quant à elle, a assuré deux versements partiels. Au total, avec 5 versements, les employés du MOH n'ont perçu sur 10 mois que 20% de leur salaire.

Depuis maintenant trois mois (depuis la formation du gouvernement d'union nationale) la grève dans les hôpitaux à repris.

Les hôpitaux et les dispensaires ont tous des difficultés d'approvisionnement en médicaments. Il manque 130 références de spécialités pharmaceutiques à la pharmacie centrale de Ramallah et 40 à l'hôpital Al Watani.

Les patients qui le peuvent encore se font soigner dans les centres de santé privés. Cela devient extrêmement difficile pour 70% de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 2€ par jour. Le chômage touche plus de 40% de la population active et le travail des enfants se généralise.

La grève dans les hôpitaux est un catalyseur de la pauvreté et de l'exclusion qui règne dans les territoires palestiniens. Même si les employés du MOH reprennent leur travail, il faudra de longs mois de calme, de liberté de mouvements, de fins d'occupation militaire et de relance de l'économie pour que l'état de santé de la population palestinienne puisse retrouver un niveau de qualité suffisant.

Dans ce contexte d'adaptation face à l'urgence, nous avons choisi d'apporter aux civils palestiniens une aide ponctuelle médicale dans un contexte de restriction totale d'accès aux soins. Depuis cet épisode, le Dispensaire de la Vieille Ville de Help Doctors fait parti des structures d'urgence opérationnelle auprès du Comité International de la Croix Rouge (CICR) et de la Cellule de Crise du Gouvernorat de Naplouse.

Pour le début de l'activité de soin, il est convenu que le dispensaire accueille les patients 3 jours par semaine (mardi, jeudi et samedi). Nous avons demandé au docteur Nisreen de "prendre le temps" avec les patients. En effet, le plus souvent la consultation médicale palestinienne est assez sommaire, peu clinique et fondée sur la prescription de médicaments. Nous avons insisté sur le temps nécessaire à passer avec les familles en difficulté (30 minutes minimum). Nous nous réservons la possibilité d'étendre le nombre de jours d'ouverture du dispensaire et/ou d'avoir recours à un deuxième médecin si la demande de la population devenait supérieure à notre offre de soins.